Je suis parmi les voiles rouges qui dansent dans le vent. Ils se meuvent ensemble, ils jouent tout autour de moi. Volent les couleurs… elles frôlent ma peau… — Aie ! Les bords de ces voiles sont des lames de rasoir qui cherchent à m'écorcher. Goutte de sang, tu perles sur ma main. Mon corps évite ces étendards, dards cherchant à me transpercer. Pourquoi autant de beauté, de grâce, vous enlacent à souffrir. Tout en virvoltant moi-même, un manchot s'approche et me pince le mollet.
Tout disparaît. Je suis sur un nuage. Je suis dans les brumes. Les brumes d'Ecosse, les cornemuses suintent leur chant. Un bataillon s'approche, chevaux en avant, un autre en face virvolte une épée. Je suis au centre de la bataille ! Je me faufile entre les pattes, un sabot me bouscule. — Hé, le manchot, te revoilà ? Aie ! Pourquoi tu pinces ?
Debout sur un glacier. — Manchot, nous sommes chez toi ! Nous marchons sur cette banquise, nulle part… qu'elle… et nous. Nos pas crissent sur la neige, mon compagnon est infatigable, moi aussi ! Etrange ! Une tempête de neige se lève. Se lèvent des esquimaux ! … du sous-sol de cette banquise. Nous sommes entraînés dans la profondeur glacée. Manchot, il t'éloigne de moi ! Ce sont des mangeurs de viande crue ! Je me précipite, je te tiens, je te prends, tu me pinces !
Les poissons sont très en couleurs aujourd'hui ! Je suis dans l'aquarium immense qu'est la mer. Je marche sur du limon, tu flèches autour de moi, tu t'entraînes pour le championnat des fonds marins ? Un requin, le malin, me mire pour ses emplettes. Je suis dans son supermarché de banlieue. Je ne peux pas parler, je bulle ! Manchot, à bon trop, galope et pince ! Ses quenottes de requin ont besoin d'être brossées sur une, non deux, trois rangées ! Je crie ! Les bulles emportent mes mots et remontent à la surface. — Manchot ! — Aie.
Je transpire de peur ou je suis croqué ? Je suis tout mouillé. Il fait nuit, il fait sombre. Ca résonne ! J'allume la lampe que j'ai sur le front. Une grotte, un trésor, un pic, un wagon. Les chercheurs d'or ne sont pas contents. — Ladrão ! Matar Ladrão (traduction : Intrus, tuer l'intrus) Jolis les couteaux, longs les couteaux. Pas contents les garçons. — Manchot, pince, réveille-moi !
Je suis allongé sur le sol. Ma tête est à la folie, folie des images, folie des sensations, folie des odeurs. — Hum ! De la barbe à papa. La fête foraine ! Je suis dans un livre pour enfant, c'est l'éléphant qui tient la caisse du grand huit ! Que me veut cette vieille femme et son manchot… … La diseuse de bonne aventures ! — La prochaine fois que tu insultes une jeteuse de sort, Manchot ne te sauvera pas !
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