Les lettres volent et tourbillonnent. Les pelles, les chemins, se remplissent. Je déborde, elles s'échappent, s'envolent, Retombent sur le sol, mes pensées s'écoulent. Comment arrêter le vent me soufflant tant d'idées ?
Trop de pensées déferlent, ondulantes. Le rythme est endiablé, l'écrit est trop lent. La bourrasque soufflée, la parole est dépassée. L'inspiration est souffrance, générosité débordante. Comment arrêter ce vent tourbillonnant ?
Au jardin, le gardien me poursuit et se plaint, Je laisse traîner mon imagination ! La pelouse verte est recouverte… Par mes phrases, tornadant les couleurs. Comment arrêter ce vent si persistant ?
Jaillissement de propos dans les bouleaux, Des quatrains chevauchent le petit train, Le sable est dévasté, soulevé par mes idées, Des ponctuations glissent au toboggan. Comment arrêter ce vent bouleversant tous ces gens !
La grammaire s'invite, vieille dame inflexible, Elle redresse les plantes, redécoupe les bordures, Je me fissure et suinte mon imagination. A la fontaine, les nymphes dansent sur les flots. Comment arrêter ce vent devenant ouragan ?
Apocalypse de verbes, geyser des assonances, L'abondance dure et sort de mes blessures, Les mots, les paroles, les souffrances, Tout devient transe, le poème danse, balance. Comment arrêter ce vent si perturbant ?
Les lettres sont à l'automne, elle volent ! Le balayeur se plaint, je n'y peux rien ! Je laisse traîner mes mots, parce que j'en ai trop ! Ils passent la digue, m'inondent, je ne peux les contenir. Comment arrêter ce vent, messager fantasque !
Mes doigts capturent au passage, l'essence d'un paysage. A la chasse au papillon, les filets d'encre se déposent. La main raconte, les songes s'écrivent, je frémis… Le vent s'engouffre jusqu'à la délivrance du récit. Comment arrêter le vent : un peu, en écrivant.
A l'image sublimée des lettres de mon récit, Je suis poursuivie par les phrases écarlates, Poussières de mots, étincelles d'épithètes, Je laisse dans mon sillage, la fragrance des poètes.
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