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— Textes-courts — 021 —

SAM

Les habits

Réflexion et inspiration : -
Principe : -
Contrainte : Sujet imposé : Où sont vos habits d'enfance
Date : Avril 2014
Longueur du texte : 3071
Nombre de mots : 572


Les habits de mon enfance sont trop grands pour moi. Je ne sais pas pourquoi mais je nage dedans. Je flotte. C’est aérien, c’est léger. Ce tissu qui vole au vent.
Mais quelque fois lourd très lourd. Pas adapté. Mon corps supporte.
Mes pieds surtout. Ils sont creux et déformés. Ils en ont sillonné des rues, des routes, des chemins de terre, des champs. Dans des sandalettes, des souliers trop petits, pieds nus ou en socquettes.
Il y a des pays où l’on marche encore pieds nus, comme l’Australie il paraît. Il reste parfois quelques petites libertés comme cela, on ne sait guère pourquoi celle-ci plutôt qu’une autre. Mais c’est déjà ça.
Le vent, les cheveux tressés pour ne pas les laisser trop s’emmêler quand on va jouer dehors. Au grand air, en vélo ou en courant. Fagotés comme nos parents ont pu, ce matin, après un café avalé sur le pouce, encore en retard.
Ce qu’on est bien, même si l’on passe son temps à se chamailler se chicaner pour un malabar. Allongé à triturer les brins d’herbe entre nos doigts, vivre la nature sans s’en apercevoir.
Il y a bien des lamentations, des angoisses et quelques fessées. Il y a bien une fascination pour tous les secrets et toutes les formes de dissimulation que tentent d’instaurer les adultes autour de nous. Et l’appétit de découvrir, rire et s’affirmer.
Mes goûts changeaient vite. Un jour un pull rose, un mois après, ma mère me forçait à mettre ce qu’elle avait concédé à bien vouloir m’offrir pour satisfaire mes envies dévorantes. Engloutissantes mais si éphémères. Pas simple pour elle. Pour moi. Incompréhension de style ou d’identité.
La vie dehors c’est l’aventure, surtout quand on n’a pas école, le temps est devant nous, les idées peuvent surgir !
L’odeur des cabanes. Tout le monde en a eu des cabanes. Plus ou moins arrangées, plus ou moins bien cloisonnées.
Pour ça il faut des copains qui se débrouillent, moi j’en avais un. Sa cabane il nous l’avait faite dans un arbre, bien en haut avec des bâtons de bois cloués sur l’arbre, pour pouvoir y grimper. A l’intérieur, il y avait même de la moquette !
Forcément, souvent à cette époque, nos habits en prenaient un coup… Glissement d’une branche et nous nous retrouvions avec des traces vertes sur les fesses. On rentrait en catimini.
Bizarrement on filait vite sous la douche pour mieux enfiler un pyjama. Et puis trois jours après, alors que vous êtes à mille lieux de cela, ma mère me tombait dessus. Mais elle savait que c’était trop tard, je ne m’en rappelais déjà plus.
Un jour la cabane a brûlé. Aucun d’entre nous, de notre bande (oui car nous étions une bande) n’a vu ce qui s’est passé. Sans doute un voisin qui en avait marre de nous entendre.
Dans les villages on n’aime pas beaucoup les bandes de petits jeunes qui gigotent partout. Un feu de joie. Un feu de camp. Ne restaient plus que des débris gisants sur le sol.
Nous avons vite retrouvé une autre occupation. Des bottes de foin. Ma mère me voyait revenir des épis plein la tête sens dessus dessous.
Nous passions notre temps à salir nos habits, c’était pourtant involontaire.


 

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