Le Havre, décembre 2013
Lettre oubliée
Un ami étranger attend notre lettre depuis la première fois où nous y avons songé.
Chère Anaïs
Ou bien devrais-je t'appeler par ce prénom Ayşé, réminiscence de ton passé anatolien qui m'était alors inconnu. Bien des lieux, des époques, charriés par les eaux du Bosphore entrent en collision avec le détroit des Dardanelles. Etais-tu dans de multiples vies, Roxelane, enchantement du Sultan Soliman ? Je t'ai rêvé cheval majestueux, fougueux, galopant sur les lignes des tranchées en 1915 à Gallipoli. J'ai puisé dans l'histoire de ton peuple, l'encre de ma délicieuse écriture. Je réinvente chaque soir ta silhouette aux cheveux noir de jais qui emmène dans son sillage mon imagination fertile, colorée de l'ocre jaune de ta peau. Seras-tu là bientôt ?
|